7 Vascularisation lymphatique de la tête et du cou
Les lymphocentres de l’extrémité céphalique sont constitués de nœuds lymphatiques, ou lymphonœuds, reliés par des vaisseaux lymphatiques.
Deux lymphocentres existent pour l’extrémité céphalique : celui de la tête et celui du cou.
Le lymphocentre de la tête se draine dans celui du cou. Le lymphocentre de la tête se situe à sa base, à savoir la jonction entre la tête et le cou. Il comprend, d’arrière en avant : les lymphonœuds des régions occipitale, mastoïdienne, parotidienne, submandibulaire et submentonnière. Il forme le classique cercle lymphatique péricervical.
Le lymphocentre du cou est formé de lymphonœuds qui se distribuent le long de lymphatiques organisés selon deux réseaux, l’un superficiel et l’autre profond :
La terminaison des lymphatiques de la tête et du cou se réalise par le tronc jugulaire :
• à droite, le tronc jugulaire forme avec le tronc subclavier le conduit lymphatique droit, qui se termine dans la veine subclavière droite ;
• à gauche, le tronc jugulaire et le tronc subclavier se terminent dans le conduit thoracique, lequel se termine alors dans la veine subclavière gauche.
Les lymphatiques de la face et du cuir chevelu accompagnent les principales artères (artère faciale, temporale superficielle, occipitale) et se terminent dans les lymphonœuds du cercle lymphatique péricervical (fig. 7.1).
Fig. 7.1 Lymphocentre de la tête.
1. Lymphonœuds mastoïdiens. 2. Lymphonœuds occipitaux. 3. Drainage vers les lymphonœuds superficiels postérieurs (le long de la veine jugulaire externe). 4. Lymphonœuds préauriculaires et parotidiens. 5. Lymphonœuds submentonniers. 6. Lymphonœuds submandibulaires.
Ce cercle comprend cinq groupes de lymphonœuds qui assurent alors un drainage par territoires au niveau de la face et du cuir chevelu.
Il assure la collection du drainage lymphatique de la région occipitale du cuir chevelu, de la face postérieure de l’auricule (pavillon de l’oreille). Il se situe en regard de la ligne nucale supérieure, au niveau de la zone d’insertion du muscle trapèze.
Il regroupe les lymphonœuds situés en regard du processus mastoïde de l’os temporal, au contact de l’insertion du muscle sternocléidomastoïdien. Ces lymphonœuds assurent le drainage de la région mastoïdienne et de la partie postérieure du cuir chevelu.
Ce groupe comprend des lymphonœuds situés dans la partie superficielle de la glande parotide. Ces lymphonœuds assurent le drainage du front, des paupières, de la partie antérieure du cuir chevelu, de la région préauriculaire et de la glande parotide.
Il s’agit d’un groupe de lymphonœuds qui se situe à la fois en avant et en arrière du pédicule facial (artère et veine faciale). Le drainage lymphatique est large : il intéresse la région centrale de la face, le nez, le sinus maxillaire, la cavité orale (langue, plancher de la cavité orale latéral et gencive mandibulaire latérale) et la glande submandibulaire.
Le drainage lymphatique provenant de ces différents groupes de lymphonœuds se réalise dans le lymphocentre du cou selon une distribution précise :
• le drainage provenant des lymphonœuds des groupes occipitaux et mastoïdiens se réalise dans les lymphonœuds situés le long de la veine jugulaire externe ;
• le drainage provenant des autres groupes (parotidien, submandibulaire et submentonnier) se réalise directement vers les lymphatiques profonds du cou.
Les lymphatiques du cou reçoivent la lymphe de la tête et s’organisent en deux réseaux, l’un superficiel et l’autre profond (fig. 7.2).
1. Lymphonœuds parotidiens. 2. Lymphonœuds faciaux. 3. Lymphonœuds submentonniers. 4. Lymphonœuds submandibulaires. 5. Lymphonœuds superficiels antérieurs (associés à la veine jugulaire antérieure). 6. Lymphonœuds jugulo-omohyoïdien. 7. Lymphonœuds occipitaux. 8. Lymphonœuds mastoïdiens. 9. Lymphonœuds jugulodigastrique. 10. Lymphonœuds superficiels postérieurs (associés à la veine jugulaire externe). 11. Veine jugulaire interne. 12. Lymphonœuds profonds de la veine jugulaire interne. 13. Lymphonœuds profonds de la chaîne spinale. 14. Lymphonœuds profonds de la chaîne cervicale transverse. 15. Veine jugulaire externe.
Organisés en deux chaînes lymphatiques, antérieure et postérieure, ces lymphatiques sont efférents des lymphonœuds du lymphocentre de la tête.
Ils constituent les lymphonœuds situés le long de la veine jugulaire antérieure. Ils reçoivent le drainage lymphatique de la lèvre inférieure, du plancher de la cavité orale antérieur, de la pointe de la langue et de la gencive de la symphyse mandibulaire. Ils sont efférents des lymphonœuds submentonniers.
Il s’agit des lymphonœuds juxtaviscéraux qui se situent à proximité de la ligne médiane. Ces lymphonœuds assurent le drainage du larynx (étage glottique et sous-glottique), du corps thyroïde, du pharynx et de l’œsophage cervical. Ce sont les lymphonœuds prélaryngés, prétrachéaux, paratrachéaux et thyroïdiens. Ils se situent en profondeur des muscles sous-hyoïdiens, au contact de l’axe viscéral du cou.
Ils constituent l’axe principal de drainage de la lymphe des lymphocentres de la tête et du cou.
Ils reçoivent le drainage lymphatique des lymphonœuds superficiels antérieurs et postérieurs. Ils reçoivent directement le drainage lymphatique des lymphonœuds submentonniers, submandibulaires, préauriculaires et parotidiens appartenant au cercle lymphatique péricervical.
Ces lymphonœuds se situent au contact de la veine jugulaire interne en avant ou en dehors d’elle, sous le muscle sternocléidomastoïdien.
On différencie classiquement deux groupes de lymphonœuds jugulaires par rapport au croisement de la veine jugulaire interne par le tendon intermédiaire du muscle omohyoïdien :
• le groupe supérieur, situé au-dessus de ce tendon intermédiaire : le ou les lymphonœud(s) jugulodigastrique(s) (classique lymphonœud sous-digastrique ou de Kuttner) assure(nt) le drainage des régions tonsillaire, oropharyngée et de la base de la langue ;
• le groupe inférieur, situé sous ce tendon : le lymphonœud jugulo-omohyoïdien (classique lymphonœud de Poirier) assure le drainage de la langue et des lymphonœuds submentonnier.
Ils se situent de la région supérieure au nerf spinal (anciennement dénommé nerf accessoire), ou région rétrospinale, jusqu’à la région supraclaviculaire au contact des racines spinales du plexus cervical profond.
Ces lymphonœuds se drainent dans les lymphonœuds de la veine jugulaire interne et dans les lymphonœuds de la chaîne cervicale transverse.
Ils se situent au contact des vaisseaux cervicaux transverses, notamment de la veine. Ils siègent dans la région supraclaviculaire.
Ils drainent les lymphonœuds de la veine jugulaire interne, de la chaîne spinale ainsi que les lymphonœuds apicaux axillaires.
À côté de cette description anatomique des lymphonœuds de la tête et du cou, il existe une classification à la fois clinique et anatomique (radiologique) qui a des implications cliniques fondamentales. Cette classification de l’AAO-HNS (American Academy of Otolaryngology − Head and Neck Surgery) permet une standardisation nécessaire à une compréhension entre spécialistes intervenant dans la prise en charge des cancers de la tête et du cou.
Six niveaux de lymphonœuds cervicaux ont été définis dans la classification de l’AAO-HNS (fig. 7.3), ce qui constitue à ce jour la référence. Certains niveaux sont subdivisés en sous-niveaux A et B.
Fig. 7.3 Niveaux lymphatiques cervicaux (I à VII) : classification de l’AAO-HNS.
D’après Lallemant B., Mallet Y., Ala-Eddine C., Lartigeau E., Lefèbvre J.-L. Nouvelle classification radio-chirurgicale des niveaux ganglionnaires cervicaux. Ann Otolaryngol Chir Cervicofac, 2003 ; 120 : 216-224.
Il comprend les lymphonœuds situés au-dessus du bord inférieur de l’os hyoïde, en avant du muscle mylohyoïdien et sous une ligne oblique passant par le bord postérieur de la glande submandibulaire.
Ce sont les lymphonœuds situés entre la base du crâne et une ligne passant par le bord inférieur de l’os hyoïde. La limite antérieure est la ligne oblique passant par le bord postérieur de la glande submandibulaire et la limite postérieure le bord postérieur du muscle sternocléidomastoïdien.
Groupe des lymphonœuds de la veine jugulaire interne : lymphonœuds situés entre le bord inférieur de l’os hyoïde en haut et le bord inférieur du cartilage cricoïde en bas.
La limite antérieure passe par le bord antérieur de l’artère carotide commune. La limite postérieure passe par le bord postérieur du muscle sternocléidomastoïdien.
Groupe inférieur des lymphonœuds de la veine jugulaire interne : lymphonœuds situés entre le bord inférieur du cartilage cricoïde en haut et le bord supérieur de la clavicule en bas.
La limite antérieure passe par le bord antérieur de l’artère carotide commune. La limite postérieure passe par le bord postérieur du muscle sternocléidomastoïdien.
Lymphonœuds de la chaîne spinale (du triangle postérieur) : lymphonœuds situés entre la base du crâne en haut et la clavicule en bas.
La limite antérieure est le bord postérieur du muscle sternocléidomastoïdien. La limite postérieure est le bord antérieur du muscle trapèze.
Ce sont les lymphonœuds profonds antérieurs : lymphonœuds situés entre le bord inférieur de l’os hyoïde en haut et le bord supérieur du manubrium sternal en bas.
Ce sont les lymphonœuds médiastinaux. Ils sont situés au niveau du médiastin supérieur, en arrière du manubrium sternal. La limite inférieure est le tronc veineux brachiocéphalique gauche.
La vascularisation lymphatique de l’extrémité céphalique est constituée de nœuds lymphatiques, ou lymphonœuds, et de vaisseaux lymphatiques qui les relient.
Les lymphonœuds et les lymphatiques forment des lymphocentres, l’un pour la tête et l’autre pour le cou.
Le lymphocentre de la tête forme, à sa base, le cercle ganglionnaire péricervical. Il est constitué de nœuds lymphatiques qui drainent des régions anatomiques spécifiques de la tête.
Le lymphocentre du cou comprend des lymphonœuds qui se distribuent le long des axes veineux et au contact de l’axe viscéral du cou.
Les lymphatiques qui les relient s’organisent en deux réseaux, l’un superficiel et l’autre profond.
La terminaison commune des lymphatiques se réalise :
À cette description anatomique à visée didactique, peu utilisée en pratique clinique quotidienne, on substitue une classification des lymphonœuds selon leur localisation par région anatomique. Il s’agit de la classification proposée par l’AAO-HNS.